Edito

2018 : La qualité de l'accueil en question

2018 : La qualité de l'accueil en question

2018, c’est comme chaque année, une activité d’aide aux personnes en détresse de Bruxelles qui se cristallise dans des chiffres impressionnants : 253.984 nuitées offertes à 7.780 personnes sans-abri différentes dont 1.088 enfants. En un an, ce sont plus de 400.000 repas qui ont été offerts dans nos centres d’hébergement. Nos équipes mobiles d’aide maintiennent tant que possible le lien avec les personnes qui ne peuvent ou ne veulent dormir dans nos centres et leur apportent un soutien médico-psycho-social in-situ, directement en rue. En 2018, elles ont ainsi assuré 11.384 rencontres en rue auprès de 1.873 personnes.

Enfin, et c’est ici un volet majeur de notre action, 586 orientations vers d’autres formules d’hébergement ont été réalisées par nos services d’accompagnement.

Ces chiffres ne peuvent toutefois nous faire oublier que certaines personnes très vulnérables restent parfois en rue et ne dorment pas dans les structures d’hébergement, soit par manque de place soit par choix. L’actualité nous l’a rappelé cette année, à l’aube de l’hiver, avec le décès de deux femmes en rue, en moins de 48 heures. Nous l’avons dit, ce n’est pas tant l’hypothermie qui tue les personnes sans abri par temps froid : c’est aussi la difficulté de parvenir à offrir un cadre d’accueil qui encourage ces personnes à se réfugier dans les dispositifs d’hébergement. En ce sens, nous portons une part de responsabilité dans la réticence de certaines personnes à accepter notre aide.

L’un des enjeux prioritaires du processus de refondation de notre service d’aide : la qualité de l’accueil et des services offerts aux personnes que nous soutenons. Une réflexion approfondie est actuellement menée en interne. Objectif : la définition et la mise en place de mesures permettant d’offrir un accueil plus qualitatif dans le cadre de grandes structures d’hébergement qui, sur certains aspects, sont loin d’être optimales mais restent néanmoins indispensables.

L’urgence ne doit à aucun moment devenir une fin en soi. Dans un monde idéal, elle ne devrait plus exister. Mais tant que des personnes seront en rue dans l’« ici et maintenant », elle restera essentielle. Ni les programmes d’urgence, ni les programmes d’insertion ne parviendront à résoudre l’un sans l’autre le « sans-abrisme » dans sa forme actuelle. Les approches à l’œuvre doivent être envisagées sous l’angle de leur complémentarité qu’il convient de synchroniser. C’est dans cette démarche que souhaite aujourd’hui s’inscrire notre association.

L’enjeu actuel dans le contexte de la nouvelle ordonnance régionale relative à l’aide aux personnes sans abri est donc de veiller à consolider un format d’intervention permettant d’articuler sans rupture de prise en charge deux missions fondamentales qui constituent l’essence de notre action  : la réponse aux besoins primaires de la personne (abri, repas, soins) et l’accompagnement dans ses démarches en vue d’une orientation vers des solutions de sortie de rue ou vers d’autres services d’insertion.
La nouvelle ordonnance régionale régissant l’aide aux sans-abri devrait par ailleurs permettre de sortir de la logique saisonnière (hiver VS reste de l’année) et de ventiler les capacités d’accueil sur toute l’année. La question de la suffisance des places disponibles reste néanmoins en suspens.

2018 fut aussi la dernière année pour notre dispositif d’aide à fonctionner en tant que « Samusocial ». C’est en effet dans le courant de l’année 2019 que notre organisme sera transféré vers son statut de droit public. Dans ce contexte, une réflexion sur la nouvelle identité est actuellement menée et devrait très prochainement aboutir à un nouveau nom qui consacrera le processus de refondation aujourd’hui à l’œuvre.

Durant l’année 2018, le conseil d’administration transitoire a poursuivi la mise en place d’un cadre permettant de stabiliser financièrement l’association. Au niveau opérationnel, les missions ont pu être maintenues dans leur intégralité malgré les difficultés posées par la chute des dons privés qui financent (partiellement) l’action des équipes mobiles d’aide et de notre MediHalte. Au niveau gouvernance, nous l’annoncions déjà l’an passé, plusieurs mesures ont été actées par le Conseil d’administration de transition afin d’assainir la gestion et garantir la transparence (non rémunération des membres du conseil d’administration, double signature requise pour tous les actes, nomination d’un nouveau Directeur Général, nouvelles procédures de gestion des ressources humaines, des achats et des dons).

En cette période de transition, nous tenons à rendre un hommage sincère aux travailleurs de terrain, pour leur investissement personnel dans des circonstances souvent difficiles, chacun avec son énergie et ses compétences propres. C’est sur son capital humain que repose avant tout la force du Samusocial.